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Lectures d’été — 2023

26.09.2023

Cet été, une répartition égale entre la fiction et la non-fiction. J’ai principalement lu en français, et des brochés plutôt que sur la tablette. Le temps des vacances est toujours propice à plus de lectures, et j’en ai bien profité.

Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar

Sous la plume classique de Yourcenar, je lis Hadrien, empereur romain de 117 à 138, alors qu’il fait un bilan sur sa vie. J’y découvre plusieurs époques, correspondant aux passages de sa vie, depuis sa formation militaire et ses débuts de fonctionnaire jusqu’à son règne puis l’organisation de sa succession. Hadrien participe aux guerres daciques, et on remarque à quel point il est marqué par l’injustice et la violence des massacres. Il en retire une volonté de paix, et lui-même décrit son début de règne sous le signe de la pacification. On se rend compte aussi de l’étendue de l’empire alors qu’on suit ses voyages, et du temps qui passe (nécessaire pour parcourir autant le monde romain). Dans le même temps, il décrit sa passion amoureuse pour le jeune Antinoüs, et surtout à quel point son décès prématuré assombrit sa vision du monde. Hadrien démontre une certaine sagesse, une acceptation teintée de lucidité pourtant face à la mort. En suivant son parcours au gré de l’empire, on découvre l’autre aussi au travers de ses yeux ; il se montre fasciné par les autres civilisations et leurs coutumes.

Finalement, avec une quête de la connaissance de soi, on retrouve des idées modernes, ou du moins qu’on peut aisément appliquer à la vie moderne : l’appréciation de la beauté du monde et sa préservation, l’art de reconnaître le mérite chez l’autre, la reconnaissance de la complexité de l’être, toujours en train de changer.

Journal d’un Assasynth 3 de Martha Wells

J’ai longtemps résisté à la franchise Assasynth (est-ce qu’on peut parler d’une franchise en littérature ? Pas vraiment. Qu’importe : ça m’y fait penser à chaque fois). Je trouvais le jeu de mots moyen, le format trop court. Mais tout de même, ces prix attirent l’œil : pourquoi tant de gens encensent-ils ce bouquin ?

Journal d’un Assasynth : défaillances systèmes à reçu le prix Hugo, le prix Bob Morane, le prix Locus, le prix Nebula, le prix Alex…

Du coup, j’ai fini par craquer en avril avec le premier tome, et… j’avais raison : c’est bien trop court, ce qui fait que je les enchaîne depuis lors. Ce que j’aime le plus, c’est le décalage profond du personnage principal – synthétique – avec son environnement humain, et l’évolution de ce dernier dans son humanité. Au fond, cela force à se poser la question : qu’est-ce qui nous définit vraiment ? En plus, il y a ces descriptions de combat, réglés à la microseconde près, où l’on nous explique les décisions prises en fonction des paramètres initiaux de la programmation du synthétique ; j’y prends à chaque fois beaucoup de plaisir.

Pukthu primo par DOA

J’ai acheté les deux tomes en une fois. Ce sont deux monstres de 700 pages, écrits par un auteur que j’avais déjà lu – et apprécié – en 2012. Le style peut parfois rebuter certains lecteurs, moi j’ai apprécié. En revanche, l’histoire et les personnages sont un ouragan qui m’a balayé, me faisant vivre cette guerre dans ce qu’elle a de plus sordide et injuste, décalée et sale (il n’y a pas de guerre propre). J’ai dû faire une pause entre les deux tomes. Mais j’ai envie de découvrir ce qu’il advient des personnages principaux, et je retournerais vers le deuxième tome d’ici la fin de l’année.

Le manuel d’Epictète


Un court guide de stoïcisme.

Antifragile de Nassim Taleb

Longs essais sur l’importance du hasard et sur le sujet intéressant de « l’opposé du fragile ». On regarde au travers de ce thème différents domaines comme l’éducation, la santé, la gouvernance (les gouvernements), le business, la philosophie. Beaucoup de notes et d’occasion de discuter ; je vais concocter un petit résumé de mes notes.

Sur la dalle de Fred Vargas


Quel plaisir de retrouver un de mes personnages préférés : le commissaire Adamsberg dans une enquête à la limite du huis clos si l’on accepte qu’un petit village puisse en être un. Le même plaisir de lecture que lorsque j’ai découvert cette autrice en lisant Ceux qui vont mourir te saluent au début des années 2000.

Feynman’s Rainbow: A Search for Beauty in Physics and in Life by Leonard Mlodinow


Une vue inhabituelle sur les dernières années d’un génie, et la recherche de sens dans le milieu de la physique fondamentale. Un livre court et intéressant avec quelques pépites sur la créativité et la vision du monde.

La huitième fille de Terry Pratchett

Là aussi, j’ai mis des années avant de me laisser conquérir par l’écriture de Terry Pratchett. Ce n’est qu’après avoir lu sa biographie (écrite par son assistant, Rob Wilkins) en avril que je me suis lancé dans les aventures du disque-monde. C’est le cinquième opus que je lis avec le même plaisir et quelques rires à voix haute à la lecture de certaines tournures de phrase et de comparaisons délicieuses.

Les vacances d’été m’ont dégagé un peu plus de temps, me permettant de lire un peu plus que d’habitude. Je suis un lecteur lent (enfin, si je me compare à madame, qui sur la même période a terminé 12 romans), mais le bouquin qui m’a demandé le plus – à cause des notes assez copieuses que j’ai prises durant sa lecture – est Antifragile. C’est aussi celui sur lequel je reviendrais plusieurs fois avant la fin d’année.

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